Quand un adulte rencontre un nouveau mot technique, il réagit comme un enfant. Son cerveau fait un effort pour inventer certaines associations. Un observateur qui connaît déjà le terme en question pourrait être amusé par de telles associations, car il a oublié depuis longtemps ses propres inventions de cette nature. Je me rappelle la surprise de Georges, propriétaire local de restaurant, quand il a découvert l'ordinateur. Il est tombé immédiatement sur des termes techniques mystérieux : mégaoctets et gigaoctets, abrégés souvent en méga et giga. Naturellement, il était tenté d'associer ce charabia avec son langage quotidien : par exemple, "mégots" et "gigots". Par conséquent, chaque fois que Georges me parlait de l'évolution du matériel informatique au Jorjane, je l'entendais évoquer avec humour des mégots et des gigots.
Aujourd'hui, à Choranche, je reste comme un enfant qui découvre souvent de nouveaux mots. L'année dernière, au sujet d'une vieille bâtisse locale, un autre Georges m'avait parlé du "fruit" de ses murs.
N'ayant jamais appris ce sens (parfaitement ordinaire) du mot, j'avais imaginé naïvement qu'il parlait d'un petit arbre fruitier à côté de la bâtisse. Evidemment, pour des Français de souche qui connaissent ce terme technique depuis leur jeunesse, ils doivent penser que l'auteur de cet article de blog serait sûrement inculte, incapable ni de s'exprimer ni d'écrire en français ordinaire.
Je leur donnerai un autre exemple. Il y a quelques semaines, je cherchais un petit objet de plomberie. Aujourdhui, j'ai appis son nom technique : une bonde qui fait sortir l'eau usée de la douche. Mais à cette époque, ce terme m'était totalement inconnu, et pas facile à retenir. Je me suis donc inventé de toutes pièces une association aussi ridicule qu'utile. Puisque le terme "bonde" se prononce comme le nom de famille d'un personnage familier, James Bond, voici donc l'image qu'utilise mon cerveau pour rappeler le nom de l'objet que je dois commander par l'Internet afin d'améliorer la collecte des poils de mon chien dans la douche.
Souvent, je reçois des appels téléphoniques anonymes de la part de dames qui espèrent m'anarquer. Entendant mon accent étranger, elles me demandent parfois si je préférerais qu'elle continuent la conversation en anglais. Hélas, je n'ai jamais la présence d'esprit qu'il faudrait pour répondre OUI.